Comité contre l’impunité
et pour la justice en HaïtiCCIPJH
Communiqué
Pour diffusion immédiate
Le 7 février a-t-il encore un sens ?
Montréal, le 6
février 2013 – Le Comité contre l’impunité et pour la justice en Haïti (CCIPJH)
de Montréal tient à souligner le 27e anniversaire de la chute de la
maison Duvalier et invite à une réflexion sur la date du 7 février, en écho et
en appui au Collectif contre l’impunité d’Haïti.
Il y a 27 ans, à la suite de nombreuses manifestations
populaires, Jean-Claude Duvalier et Michèle Bennett quittaient Haïti pour se
réfugier en France, mettant fin à un régime dictatorial de 29 ans. L’ancien
président à vie y a vécu un exil doré, sous protection française, dépensant les
millions volés au peuple haïtien. Rentré en Haïti le 16 janvier 2011, il
continue à bénéficier d’une totale impunité et du soutien implicite des
autorités haïtiennes.
Malgré les plaintes déposées par des victimes, la justice
haïtienne a essayé et essaie encore d’exonérer Duvalier des accusations de
crimes contre l’humanité pour ne retenir que les crimes économiques. Les
victimes ont été en appel et, cette fois encore, le 31 janvier 2013,
l’audition a été reportée au 7 février car, selon les juges, la présence de
Duvalier « s’avère nécessaire ». Jean Claude Duvalier, qui circule
librement, mange au restaurant, assiste à des spectacles, se trouve chaque fois
empêché lorsqu’il s’agit de se présenter devant la justice.
En choisissant de le convoquer le 7 février, les juges
veulent-ils nous montrer que cette date n’a plus aucun sens en Haïti ? Que
comme le disait la chanson « kouraj pèp la gaspiye », que les luttes
du peuple haïtien n’auront servi à rien ?
Est-ce que Jean-Claude Duvalier pourra être présent au
tribunal le 7 février ?
Cette date devrait lui rappeler non seulement la fin de
son pouvoir, mais aussi les cris des dizaines de victimes des derniers jours de
la dictature.
Ceux et celles qui ont porté plainte contre lui sont ceux
qui ont eu la « chance » de sortir vivants de Fort-Dimanche, des
Casernes Dessalines, et autres lieux de tortures et d’emprisonnement.
Les autres qui, le 31 janvier, lors du faux départ, ont
été assassinés parce qu’ils manifestaient prématurément leur satisfaction, ceux
qui dans les jours qui ont suivi ont continué à être sauvagement réprimés par
les macoutes, ceux-là ne sont plus présents pour témoigner ou pour porter
plainte. Si janvier et février 1986 ont été la période marquant la fin de la
dictature, elles ont aussi été une période de répression sanglante : à Carrefour,
Cite soleil, pour ne citer que ces deux lieux, les macoutes de Duvalier ont terrorisé
la population, faisant irruption la nuit et tirant à hauteur d’homme et de
femme, parfois d’enfant, pour tenter de casser le mouvement populaire. Il était
trop tard pour la dictature, mais il était aussi trop tard pour ces victimes
qui n’auront pas vu la chute des Duvalier. Le 7 février n’a pas de sens pour eux.
Les avocats haïtiens et étrangers, soucieux de justice et
de démocratie, continuent de présenter des arguments pour que la justice
haïtienne reçoive les plaintes des victimes, qu’elle fasse son travail
correctement, et que Duvalier soit jugé, en rappelant des points de droit, mais
également des avancées récentes dans les pays latino-américains. Il est réconfortant
d’apprendre que 20, 30, ou 60 ans après leurs crimes, des dictateurs sont jugés
et que leurs victimes obtiennent justice. Devrons-nous attendre le 7 février 2046
pour qu’un tribunal haïtien écoute les victimes de Jean-Claude Duvalier et
redonne un sens à cette date ?
Le Comité contre
l’impunité et pour la justice en Haïti, depuis le retour de Jean-Claude
Duvalier, s’est mobilisé pour demander justice. Plusieurs victimes de la
dictature ont témoigné, à Montréal, devant le Centre de criminologie de l’Université
de Montréal, afin de porter plainte contre Jean-Claude Duvalier.
Ce 7 février 2013, nous voulons de nouveau manifester
notre solidarité envers les victimes de la dictature des Duvalier en Haïti, et
renouveler notre appui au Collectif
contre l’impunité d’Haïti et à tous les autres individus et organisations
de partout qui continuent la lutte contre l’impunité, pour la justice, sans
lesquelles aucune démocratie n’est possible.
Pas de vraie démocratie sans justice !
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