Un appel de l’Honorable juge
Juanita
Westmoreland-Traoré
Au moment où la situation au Nord Mali se fait de plus en plus alarmante,
je me fais le devoir de relayer cet
appel de madame la Juge.
Elle
nous a transmis deux documents, que je reprends ci-dessous :
·
La Déclaration des
femmes du Mali, du Niger et du Sénégal sur la situation au Mali
·
L’allocution qu’elle a prononcée au cours de
la soirée de solidarité du 26 août dernier
Elle souligne que « Jean-Claude Icart était présent le 26 août et a fait une présentation qui était très appréciée. Il a exprimé le désarroi profond de tous devant les crimes commis au Nord, y compris le saccage des mausolées de Tombouctou, des endroits classés comme des sites d’héritage universel par l’UNESCO.
Elle nous invite à consulter les sites suivants :
Elle signale par ailleurs que les dons peuvent également être
acheminés à la Croix rouge malienne - http://www.croixrouge-mali.org/
- avec la mention « pour le Nord du Mali
».
Je
nous espère nombreuses et nombreux à répondre à cet appel !
En
nous rappelant que, comme l’a dit Jose Marti : « La solidarité est la
tendresse des peuples. »
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Déclaration des femmes du
Mali, du Niger et du Sénégal
sur la situation au Mali
Nous, femmes du Mali, du Sénégal et du
Niger, réunies en atelier du 16 au 18 octobre 2012 à Bamako sur l’implication des femmes
dans le processus de gestion de la crise, demandons aux hauts représentants de
l’Union africaine, de la CEDEAO, des Nations Unies, de l’Union européenne et
des États de la sous-région et tous les pays amis du Mali réunis à Bamako, le 19 octobre 2012,
- de prendre en compte la dimension
genre dans la gestion de la crise ;
- d’impliquer les femmes à tous les
niveaux des négociations, local, national, régional et international.
Nous exigeons l’application et le
respect des accords et instruments nationaux, régionaux et
internationaux, notamment la
Résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies de 2000, la
Résolution 1325 sur l’implication
effective des femmes à tous les niveaux, y compris celles des
femmes porteuses d’uniformes au Mali
dans la gestion de la crise ; la prise en compte des
organisations de la société civile malienne
dans les négociations comme stipulé dans les instruments régionaux dont le Mali
est signataire, notamment le Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion,
de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité de la
CEDEAO (1999).
Nous déplorons la situation qui
prévaut au nord Mali et exigeons la reconquête des zones occupées sans
condition. Face aux violences flagrantes dont les femmes et les enfants sont
victimes, nous exigeons un retour à l’état de droit et à la protection de l’intégrité
physique des personnes et des biens.
Nous déplorons l’enrôlement de nos
enfants par les groupes armés ; la privation des libertés des
femmes dans leur parole, leurs
activités quotidiennes, leur santé et leurs activités économiques.
Nous déplorons les conditions d’accueil
et d’assistance aux femmes déplacées et réfugiées, et
demandons des mesures appropriées à
ces besoins qui vont en s’accentuant de jour en jour.
Nous déplorons que certains enfants et
jeunes étudiants déplacés ne puissent poursuivre leur scolarisation et leur
formation.
Nous demandons une plus grande
attention à toutes les populations affectées directement ou
indirectement par la crise, notamment
les régions qui accueillent un grand nombre de déplacés et de réfugiés.
Nous déplorons le départ massif des
ONG internationales du Mali qui affecte directement et brutalement l’ensemble de la
population malienne.
Nous, représentantes des femmes
membres d’organisations de la société civile malienne, allons nous mobiliser
pour faire face à ces défis et prendre notre place en tant qu’actrices à part
entière de la gestion de sortie de crise.
Nous invitons nos frères, nos maris,
nos enfants, nos papas à se donner la main et à dépasser leurs divisions pour
retrouver l’unité et l’intégrité du Mali, et reconstruire ensemble une Nation
forte et unie.
Nous invitons nos sœurs et frères de
la sous-région et du monde entier à faire pression sur leur État pour venir
soutenir les négociations en vue d’une sortie de crise.
Fait
à Bamako, le 18 octobre 2012
AFLP,
AFIP, WANEP, RESFECO, WILDAF Mali, ASAPSE, CAFO, Représentante des Femmes déplacées
de Tombouctou, Femmes leaders de Kidal, CAFO de Bourem, Association des femmes
de camp, Association des juristes du Mali, AMERJF, APDF, Association des jeunes
policières du Mali, AMDH, Association des Femmes catholiques, REPDEPP, USOFORAL
(Casamance/Sénégal), Association des femmes nigériennes contre la Guerre,
REFEPA (Niger)
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Allocution
de l’honorable juge
Juanita Westmoreland-Traoré,
marraine
de l’événement
Soirée de solidarité avec les
refugié(e)s du Mali
Productions Nuits d’Afrique - Soirées Nuits d’Afrique
Club Ballatou, Montréal - Le 26
août 2012
Bonsoir,
Nous nous retrouvons ici ce soir pour
exprimer notre solidarité avec les refugié(e)s du Mali. Même si nous sommes loin, même si nous ne
sommes pas aussi nombreux que nous aurions voulu, il est essentiel que nous
témoignions de notre solidarité avec les refugiés.
Les raisons qui nous réunissent sont multiples.
Nous sommes ici pour appuyer les personnes qui ont dû fuir leurs domiciles,
parfois en laissant des personnes très chères derrière eux, des personnes âgées
ou des personnes malades, quittant avec
seulement ce qu’elles pouvaient apporter sur des moyens de transport très
précaires. Les refugiés ne quittent
jamais leur domicile volontairement. Ce
sont le plus souvent des personnes qui tiennent fermement à leur pays, leur
identité, et leur dignité.
Votre appui est indispensable et
essentiel. Selon Elie Wiesel, prix Nobel
de la paix en 1986, « Demeurer silencieux et indifférent est le plus grand
péché. Le silence fait mourir avant la mort naturelle ».
C’est donc une question d’humanité, notre
propre humanité. Par votre présence ici, vous exprimez votre conviction,
qu’ensemble nous pouvons poser des actes qui contribueront à soulager les
souffrances des autres humains, où qu’ils soient. Vous affirmez votre solidarité et votre désir
de voir naître un nouveau monde où tous les hommes, toutes les femmes et tous
les enfants seront traités avec égalité, dignité, et justice.
Je crois que vous êtes ici également pour saisir l’opinion publique pour que
les souffrances des réfugié(e)s du Nord du Mali soient considérées comme
urgentes et traitées comme tels.
Qu’elles ne soient pas reléguées aux faits divers mais que les sommes
nécessaires et les aides techniques soient dégagées aussi rapidement que
possible.
Il est évident que les aides humanitaires
sont accessoires aux actions politiques qui doivent intervenir pour régler les
questions de fonds, mais l’assistance humanitaire est autant nécessaire pour
éviter que des personnes, souvent des citoyens et citoyennes ne souffrent sans
qu’elles ne soient aucunement responsables pour la tragédie. Ils ne peuvent agir sur leur situation; la
responsabilité nous incombe, nous qui vivons tranquillement et loin des périls
des camps de refugié(e)s. Car
malheureusement, ces camps sont encore et trop souvent, le lieu d’agressions,
de vols et de rapts, sans parler des souffrances provoquées par la faim, les
maladies, et l’incertitude sécuritaire.
Selon le Rapport du Bureau pour l’Afrique
de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations unies pour la Coordination des
affaires humanitaires, en date du 16 aout et au jour jusqu’au 10 août, il y
avait déjà plus de 435,000 maliens déplacés, soit en dehors du pays, soit à
l’interne, vers le sud, en raison du conflit dans le Nord et de l’insécurité
alimentaire. Vous avez sans doute
entendu certains de ces réfugiés dans les rapportages médiatiques ces derniers
jours expliquant les raisons de leurs fuites : la crainte de
bombardements, les atrocités comme les amputations et autres violations des
droits de l’homme, le viol et l’insécurité des femmes qui n’osent pas quitter
leurs foyers et qui fuient parfois hors des villes, la crainte d’aller au
marché pour se ravitailler et l’absence de vivres dans les marchés. Le pire c’est d’entendre le désespoir des
refugié(e)s qui ne croient plus que les autorités ou d’autres personnes vont
intervenir pour les secourir.
262,000 personnes se sont déjà inscrites comme
refugié(e)s auprès des agences des Nation unies dans les pays voisins comme le
Niger, le Burkina Faso et l’Algérie, alors que 174,000 personnes sont des
personnes déplacées dans les villes de Tombouctou, Gao et Kidal. D’autres refugié(e)s se trouvent en Mauritanie. À titre d’exemple, selon un rapportage dans
la Presse du 12 juillet 2012, les 2/3 des 40,000 habitants de Tombouctou
avaient fui la ville depuis sa prise par les rebelles au début d’avril.
Depuis le 26 juin, la crise politique au Mali s’est intensifiée avec la prédominance dans le Nord des forces
islamistes Ansardine et MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique
de l’Ouest), associés avec Al Qaeda dans le Maghreb islamique (AQMI), et la
mise à l’écart du Mouvement national pour la libération d’Azawad (le MNLA) qui
avait initié la rébellion en janvier
2012 et déclaré unilatéralement
l’indépendance d’Azawad avril 2012; la
zone ainsi désignée représente les 2/3 du territoire de la République du
Mali. Le coup d’état militaire du 22
mars 2012 a, soit révélé les faiblesses des institutions de l’État central, y
compris l’armée, ou provoqué la perte des trois régions du Nord, selon votre
analyse, ou les deux à la fois. La zone
d’Azawad comprend des populations Sonrhaï, Peuls, et Bozo, autant que Touaregs.
Aujourd’hui le sort des refugié(e)s est
davantage compliqué par l’insécurité alimentaire qui s’amplifie au moment où
nous en parlons, en raison de la risque de famine causée par une sécheresse
récurrente.
Je cite de nouveau le Rapport de l’Office
pour la coordination des affaires humanitaires, « Les réfugié(e)s et les
personnes déplacées à l’interne ont un
besoin urgent de nourriture, d’abri et d’eau, et la sécurité alimentaire se
détériore en raison de la prolifération des criquets migrateurs dans le Nord qui menacent la production
agricole. De plus, les conditions de
santé sont très inquiétantes car 140 cas de choléra, dont 11 morts, ont été
documentés dans les zones de Gao et d’Ansongo.
L’Organisation d’alimentation et
d’agriculture des Nations unies (FAO) a déclaré que 4,6 millions de personnes
ont maintenant besoin d’assistance alimentaire au Mali. Le programme de la FAO a rejoint à peine
360,000 personnes à date dans le sud du
Mali et 148,000 personnes dans le Nord.
Ce mois-ci, Antonio Guterres, le Haut
Commissaire des Nations unies pour les refugié(e)s a réclamé davantage de fonds
pour assister les réfugié(e)s malien(ne)s.
Alors qu’il réclamait $213,000,000, à peine $95,300,000 avaient été accordés. Il indique qu’avec l’aide des populations
locales, une bonne partie de l’aide se rend.
The need is therefore dire and urgent.
Notre geste de solidarité ce soir s’insère dans une
mobilisation qui s’élargit.
Entre le 22 avril et le 6 mai, la communauté
malienne de Montréal a recueilli 6045$ de ses membres et sympathisants; cette
somme a été remis à l’organisme Cri de
cœur et le Haut Conseil Islamique du Mali, en cogestion.
Au mois de mai, Maliwatch et l’Association
des scientifiques maliens ont organisé, dans le District de Washington, une
Tombola pour L’Aide Humanitaire au Nord du Mali. Ceci s’ajoute aux actions des maliens et
maliennes en Europe et plus particulièrement en Belgique.
Maliwatch coordonne actuellement une
collecte de fonds pour l’installation de travaux de purification d’eau dans la
région de Mopti (la troisième ville en grandeur au Mali) et les provinces
sahéliennes de Soum et Oudalan au Burkina Faso.
Maliwatch interviendra auprès de leur réseau d’experts des écoles
d’ingénierie, des dirigeants communautaires et représentants des gouvernements
et agences humanitaires; il prévoit fournir de l’eau potable gratuitement aux
usagers. Pour démarrer le projet,
Maliwatch doit recueillir $30,000 USD pour le projet concernant Mopti et 50,000$
USD pour le projet au Burkina Faso. Le projet pour Mopti devrait démarrer à
l’automne 2012, et pour le Burkina Faso vers le premier quart de 2013.
Dernièrement, le 19 juin passé, ici à
Montréal, la Maison d’Afrique-Mandingo a organisé elle aussi une soirée de
levée de fonds. La somme recueillie a
été remise au CECI qui opère toujours
des programmes au Mali.
Je veux aussi vous faire part d’une
nouvelle initiative de la jeunesse au
Mali, qui s’ajoute à ceux du Cri de cœur et d’autres organismes, y
compris ceux des parlementaires du Nord.
Il s’agit du Marathon de la Paix et de la Solidarité de Kayes vers
Kidal. Ce Marathon a démarré le 22 août à Kayes et prévoit arriver le 4
septembre à Bamako. Il s’inspire de la
marche verte initiée par le prof. Dabo
pour libérer les régions du Nord. Ce
Marathon est actuellement mené par la
GEMACO, ou Génération Malienne Consciente, une plate-forme de 70 associations
de jeunes de tout le territoire. Bien
sur, je ne mentionne que les actions humanitaires, ce qui est notre propos ce
soir.
Par ailleurs, je ne peux comptabiliser ici
les sommes qui sont envoyées individuellement par les familles à leurs proches
au Mali. Nous savons seulement que les
communications avec les Nord ont été affaiblies, fautes de services publics, et
que les envois sont parfois interceptés par les rebelles. Dans le Sud, les besoins des familles se sont
multipliés de façon exponentielle en raison de l’arrivée de membres venant du
Nord. Nous observons avec consternation
l’ouverture de centres de ravitaillement alimentaire pour les personnes
nécessiteuses.
The Government of Canada has promised to match donations by
Canadians to assist persons affected by famine in the Sahel. Le Gouvernement
égalisera les dons des Canadiens pour aider les populations touches par
la famine. Il fera une contribution
initiale de 10,000,000$ pour contribuer rapidement aux efforts des
organisations humanitaires sur le terrain qui fournissent un soutien
alimentaire, des soins de santé d’urgence et de l’eau. Le jumelage des dons sera comprise dans ce
10,000,000$. Selon un communiqué publié
dans le Devoir du 8 aout, le Canada a déjà contribué pour 47,500,000$ d’aide humanitaire pour le Sahel.
Ainsi UNICEF a lancé une campagne ces
derniers jours et sollicite des fonds pour le Sahel. L’UNICEF
announces that the Canadian Government has promised to match funds raised by
UNICEF between August 7 et September 30.
Une corporation de l’industrie alimentaire
s’est engagée aussi à égaliser les dons jusqu’à concurrence de $25,000. This is
welcome news, although we are told that the amount granted as matching funds
will not increase the overall donation promised by the Canadian Government.
Je reviens donc à mon message du début;
tout ce que nous pouvons faire est bienvenu;
il est très important et nécessaire, aussi limités que nos dons puissent
paraître. Il servira à démontrer aux
refugié(e)s et à leurs parents qui craignent l’oubli et l’indifférence qu’il y
des semblables qui les respectent et qui ne cesseront pas d’œuvrer pour que
leur sorte s’améliore. Les pouvoirs
publiques n’agissent qu’en fonction de ce qu’ils perçoivent comme la demande du
public, ou plutôt l’intensité de cette demande.
Beaucoup reste à faire.
Je termine en vous rappelant les paroles
de Rev. Martin Luther King Jr :
« Our lives begin to end the day we become silent about
things that matter. »
[Nos vies commencent à terminer le jour
que nous devenons silencieux et silencieuses sur les affaires qui comptent.]
Je remercie les organisateurs de cette
soirée, Productions Nuits d’Afrique ,
Soirées Nuits d’Afrique et Club Ballatou; un remerciement spécial aussi aux
musiciens et musiciennes, Tapa Diarra, Mamadou Diarra, Dramane Koné and Sunguru
Ngoni, as well as others who will join
them this evening. Que leur musique nous transporte comme toujours et
qu’elle nous encourage à dépasser nos premiers élans de générosité.
Merci, et bonne soirée.
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