dimanche 5 février 2012

Comité contre l’impunité
et  pour la justice  en Haïti
CCIPJH
Communiqué
Pour diffusion immédiate

La justice haïtienne
 bafoue les victimes et les survivants
de la dictature de Jean-Claude Duvalier

Montréal, le 3 février 2012 – À l’occasion du 16 janvier, un an après le retour de Jean-Claude Duvalier en Haïti, le CCIPJH avait fait paraitre une lettre ouverte interpellant les  citoyens épris de justice et de liberté en Haïti et également les instances judiciaires haïtiennes, pour que justice soit rendue aux victimes des violations des droits humains et crimes contre l’humanité commis sous le régime de JC Duvalier.
Sans préjuger des résultats d’un éventuel procès, nous voulions espérer que le magistrat instructeur reconnaîtrait à ces victimes le droit de présenter leurs arguments devant une cour de justice. Le travail des avocats haïtiens des victimes, épaulés entre autres par Avocats Sans Frontières Canada et le Bureau des Avocats Internationaux, avait bien montré que ce dossier ne pouvait disparaitre sous la couverture de la prescription, principal argument des avocats de J.C. Duvalier. 
Le 30 janvier dernier, un an après avoir été saisi du dossier, le juge d’instruction Carvès Jean fait connaître sa décision : il renvoie J.C. Duvalier devant un juge correctionnel pour être jugé pour détournement de fonds. Cette ordonnance balaie d’un revers de main les plaintes déposées et les documents présentés pour les appuyer et avilit, de ce fait, la Justice haïtienne. Cette décision n’est pas seulement une gifle aux victimes du macoutisme et du régime de J.C. Duvalier, mais pour nous du CCIPJH, elle donne raison à tous ceux qui ont manifesté une absence totale de confiance en la justice de notre pays. Car, ici à Montreal, le CCIPJH s’est heurté, dans son travail de mobilisation de la communauté, à une phrase qui revenait sans cesse et à laquelle nous avons tenté de répondre : « À quoi bon porter plainte, cela ne va servir à rien, la justice en Haïti est complètement corrompue. » Chaque fois, nous répondions : « Si nous ne faisons rien, nous ne pourrons nous en prendre qu’à nous-mêmes. Nous devons exiger que la justice haïtienne fasse pour une fois son travail. Nous devons croire qu’elle le fera. » Le juge Carvès Jean a donné raison à ceux qui, à Montréal et probablement ailleurs, peuvent aujourd’hui s’exclamer : « Nous vous l’avions bien dit ! Cela ne sert à rien. »
Pourtant, nous continuons à croire que si la pression est suffisamment forte, sur cette justice haïtienne, sur les autorités politiques qui se font complices de J.C. Duvalier, nous pourrons faire renverser cette décision. C’est ce sur quoi il convient de se mobiliser maintenant.
Dans notre région si fertile en dictatures, un vent de changement a soufflé. Non seulement par l’avènement de gouvernements progressistes, mais surtout et plus important, par la volonté de juger les bourreaux d’hier. Au Guatemala, on juge aujourd'hui les généraux responsables d'exactions pendant la sale guerre, plus de 30 ans après....Les Mères de la Place de Mai en Argentine ont marché patiemment jour après jour pour demander justice pour leurs disparus - elles étaient une poignée. Aujourd'hui leur combat porte fruit. Au Brésil, Dilma Roussef, qui avait subi la torture sous le régime des colonels, se trouve aujourd’hui à la tête de son pays.
Il n’est plus temps de tenter de convaincre d’autres victimes de l’importance de porter plainte ; le nombre de plaintes aurait-il infléchi la décision du juge Carvès Jean? Nous en doutons. Son ordonnance est une concession au pouvoir politique. À l’heure actuelle, seule une grande mobilisation de la communauté haïtienne, tant en Haïti qu’à l’étranger, et un appel à la solidarité régionale et internationale, peuvent nous permettre d’aller de l’avant.
Le Comite contre l’impunité et pour la justice en Haïti (CCIPJH) en appelle donc à la conscience de tous les Haïtiens et Haïtiennes, mais aussi à la conscience de tous les citoyens du monde, aux Gouvernements du Quebec et du Canada, à tous ceux qui croient en la justice et la liberté, pour que le cas Duvalier ne retombe pas dans l’oubli. Il nous faut crier haut et fort que l’impunité cette fois-ci ne passera pas. La mascarade a trop duré. Notre indignation constante et renouvelée doit accompagner les plaignants qui font appel de ce jugement inique, pour forcer le système judiciaire haitien à servir enfin la population et à répondre aux revendications des familles de milliers de victimes du Duvaliérisme. Ils ont besoin de votre engagement aux cotés de la liberté et de la justice.
Pas de démocratie sans justice !

-30-
Source : Jan J. Dominique, porte-parole
Comité contre l’impunité et pour la justice en Haïti (CCIPJH)
514 806 1469 * 514 574 6518 *  / ccipjhmontreal@gmail.com


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Le programme de la soirée du 7 février est à :
http://haiticheriemaguym.blogspot.com/2012/02/nou-pa-p-bliye-7-fevrier-1986-nou-pa-p.html

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